Qu’est-ce qui différencie un bijou artisanal?
Où se fabrique-t-il?
Quelles techniques? Quels outils?
Nous essaierons d’exposer ici nos idées sur l’artisanat, en y décrivant notre pratique du bijou réalisé à la main.
Notre atelier
Notre atelier se situe à Pont-Scorff [situer Pont-Scorff sur Maps], en Bretagne, dans le Morbihan, proche de Lorient.
Pont-Scorff est une ville d’artisanat d’art, regroupant une dizaine d’artisans, ainsi qu’un musée, une galerie et un théâtre.
L’atelier dont nous disposons est axé principalement sur la fabrication.
Nous l’avons développé afin de travailler sur 3 postes différents: la forge, la filigrane et la soudure.
Une exposition permanente de nos bijoux y est présentée.
Vous y découvrirez les bijoux actuellement développés.
Il faut savoir que notre activité commerciale se déroule principalement sur les marchés du matin, dans le Morbihan (Vannes, Auray, Ploemeur, Hennebont)
Les techniques artisanales
Les techniques sont l’ensemble des connaissances liées à un outillage spécifique.
Pour la fabrication d’un bijou artisanal, elles restent simples mais sont souvent variées.
Forge, filigrane et soudure nous accompagnent à chaque pas de la réalisation de nos bijoux.
Nous réalisons ces bijoux exclusivement en Argent 925.
La Forge
La forge est la technique des forces opposées.
Elle consiste à façonner l’objet par déformation.
En effet, la frappe verticale permet de déformer horizontalement la pièce. Par la suite, le changement de place sur l’enclume, l’orientation et l’inclinaison du marteau, permettent d’obtenir les formes voulues.
C’est une technique directe, qui parait instinctive mais découle d’un long apprentissage et d’une bonne pratique.
La Filigrane
La filigrane travaille le fil d’argent.
Elle consiste soit au maillage, soit au sertissage de pierres naturelles.
Le maillage s’obtient généralement par la fabrication d’anneaux. L’artisan, pour la fabrication des différentes chaînes, enchevêtre ces derniers les uns dans les autres en fonction de la chaîne désirée.
Le sertissage, dans notre cas, sera celui de pierres naturelles rondes et percées.
Nos pierres sont principalement des pierres ornementales (telles que Cornaline, Hématite, Jade, Améthyste). Nous proposons quelques pierres fines comme l’Aigue-marine et la Chrysoprase.
Afin de sertir un minéral, nous traversons ce dernier avec le fil, puis l’enserrons afin de le maintenir serré dans le bijou.
Nous utilisons aussi la filigrane pour la fabrication d’apprêts.
Ainsi, les passants d’oreilles sont réalisés à l’aide d’un fil.
Pour cela nous écrouissons le métal afin d’obtenir une résistance maximale de ce dernier.
Puis nous réalisons la forme et la sécurité pour obtenir un passant d’oreille tout en rondeur, doux à la peau et sécurisé.
La Soudure
La soudure travaille la matière avec le feu.
La chaleur du chalumeau permet un changement d’état (une liquéfaction des surfaces à joindre) afin d’unir durablement deux pièces différentes et d’en obtenir une seule au final.
La soudure permet de fabriquer des formes différentes de celles obtenues par la forge et la filigrane.
Elle nous permet la réalisation de bagues plus techniques, nécessitant l’application de plusieurs process de fabrication.
Les outils, principe du bijou artisanal
L’outil est le prolongement de la main de l’artisan.
Un bijou artisanal en porte les formes.
La structure de nos bijoux est déterminée par l’outillage que nous employons.
Les outils de frappe, mise en forme et texture du bijou
La frappe sert de deux manières distinctes.
Elle met en forme la structure de chaque pièce (la forge).
Elle texture la surface du bijou.
La mise en forme dépend de la force de frappe, de l’inclinaison et de la forme de l’outil.
Ainsi nous disposons de différents tas (l’enclume du bijoutier) et de marteaux dont le poids et la forme différent.
Pour la texture, le ciselage et le martelage sont les deux techniques principalement usitées.
Le ciselage utilise un outil (ciselet) entre le marteau et la surface, le martelage permet de frapper directement sur la pièce à texturer.
Ciseler et marteler transforme la surface du bijou par déformation.
Nous utilisons aussi la gravure, action de retirer de la matière, pour texturer certaines de nos pièce lorsque la surface à texturer est trop étroite.
Les différentes pinces
Nous utilisons les pinces principalement pour travailler le fil d’argent.
Elles sont légères, plutôt fines et très variées.
Ils y a les pinces plates, rondes, pointues, asymétriques, coupantes.
Une pince doit pouvoir plier, courber et couper le fil en laissant le minimum de trace sur ce dernier.
Après achat, nous les retravaillons. Par exemple nous arrondissons légèrement les bords, nous réduisons leur largeur, nous ponçons l’intérieur.
Si tous les bijoux présents sur notre site peuvent être réalisés à l’aide de seulement quatre pinces, nous en possédons presque trente.
En effet, c’est à la fréquence d’utilisation que nous jaugeons nos outils. Le travail de filigrane est extrêmement répétitif. Une gêne minime devient conséquente lors une répétition prolongée.
Pour les travaux plus rudes, deux pinces de mise en forme nous sont absolument nécessaires, une plate et une dite ‘sans forme’ (mi-ronde mi-plate).
Elles nous permettent de travailler du métal plus massif, de mettre plus de force.
Ce sont elles qui mettent en forme les bijoux forgés, elles qui s’attaquent aux premières courbes des bracelets ou recourbent les rebords de sertissage des bagues Oméga.
Le chalumeau
Le chalumeau soude.
Il permet d’associer les parties d’une même pièce afin de réaliser un tout.
Nous façonnons un chaton (partie de métal qui enserre une pierre en vue de la sertir) et un anneau, nous les soudons afin d’obtenir une bague empierrée.
De même, sur un anneau nu, il est possible de souder différents morceaux de métaux afin de le décorer.
Mais le chalumeau chauffe.
Et c’est là une partie plus méconnue et essentielle du travail de la forge.
En effet, forger écrouit le métal. Et si nous souhaitons un métal résistant, il ne doit pas l’être trop, sous peine d’être cassant, voir se fendre.
Tout comme pour les premières mise en forme des lingots fins, l’argent doit être suffisamment malléable afin d’être travailler harmonieusement.
Le chalumeau, en chauffant l’argent à une température adéquate, permet d’obtenir un métal recuit, c’est-à-dire malléable.
Ce métal, une fois forgé, retrouvera la dureté nécessaire à une excellente qualité de bijou argent.
Dans notre atelier, axé sur la forge, le chalumeau est l’outil indispensable afin de gérer la ductilité et malléabilité de l’argent.
Le travail de la main
Le travail à la main est pour moi l’intelligence des 10 doigts.
La main n’agit que très rarement directement sur la matière, et c’est généralement lorsqu’il faut appliquer une force brutale sur l’ensemble de la pièce.
Or, toute l’intelligence réside dans le fait d’appliquer une force mesurée sur un point particulier. Le trait symétrique d’une texture, le coude relevé accueillant le serti d’une pierre.
Le travail à la main est pour moi la connexion neuronale directe de l’outil au cerveau.
Et il importe moins du travail de force de la main que de la sensation directe de la matière dans mon esprit.
Travailler à la main c’est à la fois ressentir la matière et répondre au métal, mais aussi, d’une manière extrêmement réactive, appliquer ses idées et les projeter physiquement sur le monde qui nous entoure.
Pour un bijou artisanal
La réactivité et le contact directe avec la matière nous permettent de créer des collections dynamiques et évolutives.
Le travail mécanique du métal aboutit à un bijou en Argent de grande qualité, puisque constamment vérifié et testé.
Le bijou artisanal, dynamique, dans son mode de fabrication, et suivi, par son mode circuit court de distribution, nous permet de développer notre style, propre et identifiable.
Cédric Grall Bijoux